Trip In - Interview
Sophia Bischoff - Après leur concert à la Fête de la Musique, Nadir Mokdad, Maxime Steiner du groupe Trip In et leur ingénieur du son, William Fournier, ont accepté de jouer le jeu de l’interview pour students.ch. Students.ch : Tout d’abord, est-ce que vous pourriez vous présenter pou...
Students.ch : Tout d’abord, est-ce que vous pourriez vous présenter pour les lecteurs de students.ch et nous dire comment vous vous êtes rencontrés ?
Maxime : Donc on est Trip In, un groupe formé par Maxence Sibille, Nadir Mokdad et moi-même. On a créé se projet avec Nadir. Nadir est une personne très connue à Nyon. Un jour j’y suis allé, je l’ai rencontré et à force de se connaître, on a échangé des choses sur la musique et on a eu l’idée de monter ce projet ensemble. Ca commencé il y a cinq ans maintenant. On a d’abord créé un répertoire musical qui nous plaisait. Puis on a réunit des musiciens, on était cinq au début. On a sorti un premier disque au mois d’avril 2009. Et maintenant l’aventure continu avec un prochain album qui va sortir à la rentrée.
Nadir : Moi c’est Nadir, le rappeur du groupe. Oui, on s’est rencontré à Nyon. J’étais entrain de faire du beatbox dans la rue. Je viens vraiment du rap, c’est toujours ce que j’ai fait. Avant Trip In, j’ai fait du rap avec des potes à Nyon. Je faisais parti d’un collectif qui s’appel « Exode ». On était une formation avec DJ. Après, j’ai eu une phase ragga roots. Je garde de très bons souvenirs de cette période là. J’étais à la Morache, complètement défoncé même si je ne fumais pas. La Morache s’était un squatte à Nyon. On n’avait pas besoin de fumer pour être pété. Quand on rentrait, il y avait de la fumée partout. Si je te parle de cela c’est que ça a un lien avec ce qu’on fait maintenant. Je sais que dans mon bagage de petit rappeur il y a aussi le reggae. Je pense que ça se ressent aussi dans Trip In. C’est quelque chose qui me touche et que j’aime bien apporter là-dedans. Oui, on a donc commencé à travailler ensemble juste avant que je parte au Canada. On s’est dit, avec Maxime, qu’on verrait bien ce qu’il se passerait quand je reviendrais du Canada. Avant que je parte, on a fait deux-trois répétitions avec des musiciens, on a vu que ça collait bien. On s’est donc dit qu’à mon retour on se lancerait dans l’aventure ! En étant au Canada, j’ai écrit des textes et à mon retour, on a composé la musique avec Maxime et l’album « Autre langage » est né. Et maintenant, comme dit Maxime, on est entrain de travailler sur le prochain album qui va sortir au mois de novembre.
Students.ch : A ce que j’ai pu voir, Maxime, tu as fait une formation jazz au Conservatoire ?
Maxime : le saxophone est mon premier instrument donc c’était un peu impossible de ne pas toucher au jazz. J’en ai donc fait, mais je ne me considère pas comme un jazzman. Je me vois beaucoup plus dans les musiques actuelles. Après cet instrument fait que si j’ai envie de l’utiliser dans un morceau, ça va forcément apporter une touche jazzy. Mais à la base, j’ai fait des études de musique classique et un petit parcours de formation professionnel en jazz au Conservatoire.
Nadir : Maxime est un caméléon.
Students.ch : Vous êtes récemment partis vous produire en Chine dans le cadre du Festival de la Francophonie. Comment s’est passé l’expérience ?
William Fournier : Ché gué
Nadir : Ché gué veut dire « c’est ça »
Maxime : oui donc tu l’utilises partout, c’est ce une des choses qui nous a marqué. La Chine était une expérience forte. On est parti à quatre. Nadir, Maxence notre batteur, moi-même et William notre ingénieur du son. C’était tout d’abord une expérience de rencontre car on a fait la tournée avec d’autres groupes, des français, des canadiens et des belges pour représenter les pays francophones. Au niveau des échanges et des rencontres ça a été super riche. Il y avait presque le côté « colonie de vacance » ; au début on arrive on se renifle un peu les uns, les autres, on se regarde et à la fin c’est comme à la fin d’un camp, tout le monde s’entend bien.
Nadir : c’est un peu comme un rêve.
Maxime : Après il y a tout le côté de la découverte d’une autre culture, d’un autre public.
Nadir : d’un public hystérique.
Students.ch : Vous avez déjà eu droit aux fans hystériques, là-bas ?
Maxime : En fait, ils sont fan sans nous connaître car ils sont fan du fait qu’on se déplace pour venir faire des concerts en Chine. On l’a prit comme de la reconnaissance du fait qu’on vienne jouer là-bas. Il y a très peu d’artistes qui se déplacent pour jouer en Chine, même s’il y a de plus en plus d’artistes européens et américains qui le font. Mais, c’est un peu la première génération qui touche à ça.
Nadir : Mais quand on est là-bas, on a l’impression que ça fait dix ans qu’on est dans le métier et qu’on a sorti dix albums.
Students.ch : Comment vous vous êtes retrouvés en Chine ?
William Fournier : En Chine, il y a un Alliance Française qui mandate les services culturels et confédérations qui trouvent des groupes dans chaque pays francophone. Cette année, le thème était le hip-hop. La Suisse a contacté la Fondation pour la Musique Actuelle qui venait de subventionner une résidence pour Trip In et leur ont donc proposé le projet. Un matin, Maxime a reçu un e-mail de la Confédération en pensant au début que c’était un spam. C’était un peu la grande surprise.
Nadir : On était carrément comme des enfants.
Students.ch : Le soir d’avant, vous faisiez plateau commun avec Hocus Pocus et Oxmo Puccino…
Maxime : Oui, on a d’ailleurs fait la nuit au Palladium car on devait être à 5h à l’aéroport.
Students.ch : Qu’est-ce que ça fait de jouer juste avant Hocus Pocus et Oxmo Puccino ?
Maxime : Pour nous c’est génial de faire ce genre de co-plateau parce que Oxmo et Hocus Pocus ont déjà un public dans tout les pays francophones. Du coup, si on peut jouer avant eux, on peut profiter de leur public pour faire découvrir notre musique à des gens qui ne seraient pas forcément venu s’il n’y avait que notre nom sur l’affiche. Etant donné qu’on ne fait pas une musique très éloignée de ce qu’ils font, on sait qu’on se retrouvera face à un public qui sera volontiers réceptif à ce que l’on fait. Pour nous c’est génial, ça nous fait connaître !
Nadir : La preuve ce soir, certaines personnes sont venues car elles nous ont découvert en première partie d’Hocus Pocus et d’Oxmo Puccino ! C’est donc aussi à cela que ça sert ! Et puis de partager des scènes avec des personnages comme eux ça permet de faire des rencontres ! Oxmo Puccino c’est un Papa ! C’est cool de pouvoir le rencontrer !
Students.ch : Est-ce qu’il y a un pression différente quand on joue avant des artistes comme eux ?
Maxime : Pour moi, la pression est différente en fonction de l’endroit et de la taille de l’audience. Mais le fait que ce soit la première partie de grands artistes non. Mais, c’est quand-même un challenge dans le sens où c’est principalement des gens qui nous connaissent pas et il y en a des gens ! On a tout à gagner à ce démerder !
Students.ch : Pour revenir à vos influences, Nadir, tu nous parlais de reggae, Maxime, du jazz…est-ce que vous essayer de faire un mélange de tout cela ou est-ce que votre musique ressort spontanément comme un mélange ?
Nadir : Je pense que c’est surtout le mariage de nos deux univers. On a chacun voulu allé vers l’univers de l’autre et ça a donné Trip In. Chacun apporte ses références, ses inspirations. Personnellement, dans mes textes je m’inspire beaucoup de chanson. D’ailleurs ça m’a fait plaisir car ce soir une des personnes du public m’a encore dit que sur l’avant-dernier morceau on voyait Brel. Ca fait toujours plaisir d’entendre ça ! Brel est une de mes grandes références, j’ai toujours bercé là-dedans de part mon père. Il me faisait écouter Brel, Brassens et Barbara. D’ailleurs, il y a aura un texte inspiré par elle sur le prochain album. Au niveau rap, il y a Oxmo Puccino, Akenaton, IAM. Ce sont les premiers qui m’ont inspirés. Comme diraient pleins de rappeur de ma génération, j’ai commencé le rap parce qu’il y avait IAM. On était tous comme des fous en écoutant « Je danse le Mia ». Pour moi, c’est vraiment des précurseurs. Il y a aussi Mc Solaar ! L’album « Qui sème le vent récolte le tempo » où figure « Caroline » est super !
Maxime : Ce qui est cool c’est que le rap a beaucoup commencé par des samplings. Donc au début, on a un break-beat avec un sample par dessus qui peut venir de n’importe quel style de musique. On calait donc n’importe quel style dans une rythmique hip-hop et c’était parti ! Nous, on profite aussi de cela par le fait qu’on s’inspire de toutes sortes de couleurs pour les intégrer dans ce qu’on fait. C’est vrai qu’on a des influences sur les arrangements, les formes, car on écoute pour apprendre comment faire les choses. Personnellement, j’apprends beaucoup des disques. Mais après, les influences peuvent venir de partout. On se base énormément sur les textes et on essaie au mieux de les habiller, de les imager.
Students.ch : Nadir nous a parlé des artistes qui l’influençaient, et toi Maxime, quels sont les artistes qui t’influencent ?
Maxime : Au niveau des influences, il n’y a pas vraiment d’artistes qui m’influencent. En ce moment, par exemple, j’écoute beaucoup Radiohead, le Cinematic Orchestra. Mais je m’inspire de Blues aussi !
Nadir : et quand tu étais jeune tu écoutais beaucoup de rock aussi !
Maxime : A 14 ans j’écoutais Bon Jovi et Aerosmith
Nadir : on aurait jamais pu se connaître à cette époque !
Maxime : je ne suis pas venu au hip-hop très vite ! Je me souviens que ma première petite amie voulait me faire écouter les Fugees et que je trouvais ça complètement nul ! Maintenant, je les écoute en boucle !
Students.ch : Le hip-hop américain vous influence aussi alors ?
Maxime : ah oui ! J’aime beaucoup Eminem par exemple.
Nadir : Ce que je trouve intéressant par rapport à ce que dit Maxime c’est qu’il ne vient pas du monde du rap mais il va apporter pleins de choses qui n’y figure pas et qui font la richesse du truc. Et, en même temps, il aime le hip-hop donc il est dedans ! Mais, il n’a pas l’esprit formaté. Moi, et je le sais le premier, je l’ai un peu et parfois ça créer des confrontations entre nous deux. Si je travaillais avec un mec qui venait du même univers que moi, qui est quelqu’un d’assez ouvert mais quand-même encore un peu fermé, notre musique n’aurait pas la même richesse. Travailler avec quelqu’un d’ouvert et de différent apporte une grande richesse. Si on fait une comparaison avec Oxmo Puccino, c’est exactement pareil ! Il a travaillé avec des musiciens qui n’ont jamais fait de hip-hop avant, qui viennent d’autres univers. Pourtant, ils ont quand-même su accompagner les textes d’Oxmo Puccino. Et c’est cette ouverture qui donne un rap différent de ce que l’on entend partout.
Students.ch : Vous avez joué dans les scènes les plus importantes de Suisse Romande ; les docks, le Paléo et aussi en Chine…on a envie de vous demander, à quand le Montreux Jazz Festival ?
Maxime : C’est le prochain ! Pas cette année mais on l’espère avec le prochain album !
Students.ch : On aurait pu s’attendre à vous retrouver dans la programmation off du festival avec cette tournée.
Maxime : Oui mais on s’est calmé au niveau des concerts pour avoir le temps de faire le prochain disque ! On verra où cela nous mène et qui aura envie de nous l’année prochaine. Si on garde la même cadence que celle que l’on a eu depuis septembre au niveau des concerts, on n’a pas le temps de faire autre chose. Nadir a travaillé un peu à côté et devait toujours prendre congé les jours de concerts. Ca nous laissait donc peut le temps de composer et de réaliser un nouvel album. C’est donc aussi pour ça qu’on sera moins visible cet été !
Students.ch : Comment se prononce le prochain album ? Vous avez déjà quelques idées ?
Nadir : On a même plus que des idées ! Ce qu’on peut vous dire c’est qu’on va garder l’énergie que l’on a et qui fait que c’est Trip In mais que cet album sera différent ! On ne part pas dans quelque chose de complètement différent mais on a évolué donc ça le sera forcément un peu !
Maxime : Moi je me rends compte que les inspirations sont différentes. On a une maturité musicale qui évolue tout au long de notre vie et je constate qu’elle a énormément changé depuis cinq ans chez moi et je pense chez Nadir aussi. Il y a aujourd’hui d’autres choses qui nous inspirent et qui font qu’on va aller vers d’autres couleurs. Mais, étant donné que Trip In c’est du rap métissé, on fait ce que l’on veut.
Si vous avez loupé leur concert à la Fête de la Musique de Genève, tout n'est pas perdu ! Ils seront présents à la Fête de la Cité de Lausanne le 6 juillet 2010 à 23h45.
En attendant, voici un extrait de leur concert aux Docks de Lausanne :