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14. Avril 2011, 00:00 Festivals Interview

Quand Sam Frank rencontre Herr Johann

Anaelle Morf - Avant de monter sur scène, Sam Frank et Herr Johann nous ont accordé un peu de leur temps pour répondre à nos questions. Ils nous présentent qui ils sont, avec humour et simplicité.

Students.ch : Avez-vous déjà pensé qu’un jour vous joueriez sur une scène de Caprices ?

Sam : A la mort, tout le temps ! (rire) Non, on n’y avait jamais pensé avant. Je dois dire que je suis très content d’être à Caprices, mais je connais un peu les festivals : j’étais le premier suisse à aller jouer au Printemps de Bourges, il y a de ça très longtemps… Pour répondre à la question, je n’ai jamais pensé à Caprices et je ne connais pas Crans-Montana.

Johann : Alors moi, franchement non, je n’y ai jamais pensé. C’est vraiment une première expérience.

Students.ch : Johann, quel est ton parcours ? Comment t’es-tu retrouvé sur une scène du Caprices Festival?

Johann : Je fais de la musique depuis tout jeune. J'ai toujours aimé composer, que ce soit à la guitare, au piano ou par la suite à l’ordi. La création c’est cool, t’es libre, tu cherches, tu t’amuses. Vers 17 ans, lors de mes premières soirées en boîte, j’ai commencé à m’intéresser à la musique électronique. D’abord avec Dj Hell, le label Bpitch de Ellen Allien ou encore James Holden ! A la base, je ne voulais pas faire partie d’un groupe, j’aimais tout gérer tout seul à la maison, je suis donc resté dans l’ombre pendant bien 5 années... ! Sortir de ma bulle m’est encore difficile, mais vu que je suis en train d’arriver à une sonorité qui me plait… et que j’ai rencontré Sam, je me suis lancé dans cette histoire !

Students.ch : Pouvez-vous décrire votre musique pour ceux qui ne connaissent pas ? Avant et après l’arrivée de Johann ?

Sam : Il faut déjà savoir que je suis un faux-musicien. Je suis déguisé, dans le sens où je compose, mais mon truc c’est l’écriture. J’ai publié des recueils de poèmes, des bouquins sont en route etc. Les chansons, la musique, les mélodies sont un véhicule pour amener le texte plus loin. Un jour, alors que je jouais un morceau qui s’appelle « 33 novembre » (que vous allez écouter ce soir d’ailleurs) Johann a flashé sur celle-ci et m’a demandé s’il pouvait bricoler 2-3 trucs dessus. J’ai tout de suite accepté. Puis, il est revenu avec un concept électro qui mélangeait mes paroles en français, mes mélodies avec sa musique.

Johann : Ma touche vient de mes influences de la musique électronique actuelle (allemande, anglaise, etc.). J’ai essayé d’adapter le rock que fait Sam, surtout avec de la batterie électronique. Le processus est le même pour chaque chanson : je crée une version démo, que nous travaillons ensemble en studio pendant plusieurs séances, avant d’arriver au résultat qui nous plait.

Students.ch : Puisque les textes sont si importants pour vous, quel message voulez-vous transmettre au public ?

Sam : J’ai 49 ans et je crois profondément depuis que j’ai 14 ans, que la musique et les mots peuvent et doivent changer le monde. Alors, les mecs qui ont mon âge, ceux qui ont une belle bagnole et qui ne pensent qu’au fric, ne me comprennent pas. Les jeunes pensent que je suis un fou parce que depuis le temps, le virus aurait du me passer. S’il ne passe pas, c’est parce que mes mots et ma musique sont là pour changer les mentalités, pour que le monde aille un petit peut mieux.

Students.ch : Vous êtes plutôt optimiste alors ?

Sam : Je suis un optimiste invétéré. Je crois au destin et à Dieu forcément. Si j’étais à Fukushima, j’aurais les boules comme tout le monde, mais je continuerai à manger des carottes en me disant que « voilà c’est le destin ». J’ai ce côté optimiste, mais fataliste aussi. « On va tous être irradiés, mais c’est pas pour autant qu’il faut arrêter de manger des carottes ». C’est plus facile à dire quand on est à Crans et pas à Fukushima … ! Là je suis d’accord, donc je vais fermer ma gueule... (rires)

Students.ch : Y a-t-il un artiste avec lequel vous rêveriez de jouer, de chanter ?

Johann : Pour moi, Modeselektor sont les plus grands. Après, c’est beau de rêver, mais on n’y est pas !

Sam : Il y en a pleins ! Pour moi, il y a un mec avec qui j’adorerais faire un duo. C’est un grand rêve : il est plus vieux que moi, c’est Jean-Louis Aubert. Je l’ai vu plein de fois sur scène. C’est quelqu’un que j’ai rencontré et avec qui, je pense que je m’éclaterais bien. C’est aussi un pur dans sa tête. J’adorerais chanter avec lui, même si ce serait un peu électrique entre lui et moi. Le courant passe une fois sur deux. Sinon, Bernard Lavilliers est quelqu’un qui a beaucoup apporté de texte à la musique, avec plein d’autres influences. Sinon, il y a Nicole Croisille, une nana extraordinaire que j’ai admiré pendant longtemps. C’est une vrai « jazzman », mais que les gens ont toujours classé comme étant de la « variété ».

Johann : Pour moi, ce n’est pas vraiment une question de duo, mais plutôt de remix, ou collaborations. C’est plus de la musique personnelle, car je suis la plupart du temps devant mon ordi.

Students.ch : Y a-t-il un endroit dans le monde qui vous paraît idéal pour chanter ?

Sam : Au bord de la mer, car quand on est dans l’air marin, déjà on a pas le rhum des foins (rires), et c’est bon pour les cordes vocales. J’aimerais beaucoup jouer à Bordeaux, sur la côte atlantique, ou de l’autre coté de ce même océan, à Long Island, New York. C’est juste en face de Bordeaux si on pédale très vite en pédalo, en arrive à Long Island... (rires)

Students.ch : Quels sont vos futurs projets ?

Sam : Je dois dire que c’est très important que je fasse cet interview avec Johann, parce qu’on est sur un projet d’album ensemble. Il le porte à 50% dans les arrangements électro, mais il a un peu moins d’expérience que moi. Nos projets futurs sont absolument ensemble ! On se disait tout à l’heure dans la voiture qu’on aimerait chanter une fois sous le gros chapiteau de cirque, pas dans le couloir (rires).

Johann : Finir l’album et le finir bien. Une pièce dont on se rappellera toute notre vie! En effet, Sam est un musicien confirmé, il à énormément d’expérience dans la musique, et moi qui suis jeune, en ai encore très peu. C’est ce choc entre deux générations qui nous a permis de prendre une direction inhabituelle avec notre musique et qui fait cette force.

Students.ch : Sinon, que font les autres musiciens du groupe avec lequel vous vous produisez ?

Sam : Deux amis à moi avec qui j’ai fait beaucoup de concerts, mais dans différentes configurations. Ce sont des poly instrumentistes qui jouent en alternance. En fait, ils sont à l’instrument ce que Johann est à l’électro. Yves Z., qui a un groupe qui cartonne en Allemagne en ce moment, fait de la basse, du clavier et de la guitare acoustique. Alors que Pierre Gillardoni, qui est aussi un guitariste rock de tournée, fait de la guitare électrique et de la basse.

Students.ch : Est-ce que vous avez un rituel, avant de monter sur scène ?

Sam : Comme j’ai fait pas mal de théâtre, on se la joue un peu théâtrale et on se tient les mains, un peu comme des petits garçons pour que l’énergie passe.

Pour plus d’information, vous pouvez aller jeter un coup d’œil sur le site de Sam Frank http://www.samuel-blunier.com/ ou sur celui de Herr Johann http://soundcloud.com/herrjohann. On attend leur album avec impatience qui sortira sûrement fin septembre!

Clarissa Emery et Anaelle Morf

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