28. Octobre 2012, 19:08 CD / Vinyl Music

La scène musicale suisse foisonne de talents non connus du grand public. Depuis quelques années, une calme tendance de confiance et de reconnaissance pousse les auditeurs et professionnels de la musique suisse à croire de plus en nos artistes. Dans cette catégorie, j’appel M.A.M, jeune rappeur genevois qui vient de sortir son premier album chez Sony Music, « Comme les jeunes ».


Rares sont les rappeurs qui réussissent à séduire les majors jusqu’à décrocher un contrat avec elles. On a tous l’exemple du lausannois Stress qui est désormais bien implanté dans le paysage musicale suisse. Coup de pouce ou coup de talent, M.A.M a décroché la clé lui permettant de suivre les traces de Stress, son acolyte à la scène comme à la vie. Le résultat ? « Comme les jeunes », un album de rap que les radios vont adorer.


Le premier single de l’album, « Next », reflète bien la majorité du reste de l’album. Un beat plutôt accrocheur, une thématique accessible et dans laquelle une bonne majorité du public visé pourra se reconnaître. En bref, la recette parfaite pour séduire les oreilles des radios mainstream. M.A.M utilise cette recette pour délivrer son flow efficace et sa plume simplement talentueuse. Car si les puristes du rap francophone pourront penser que M.A.M a pris la voie de la facilité – à savoir rentrer dans les rangs des volontés des maisons de disques – d’autres iront plus loin dans la réflexion et affirmeront qu’il a saisi sa chance. Là où l’industrie musicale recherche toujours plus de ventes, M.A.M a su emprunter cette occasion pour sortir un album accessible d’écoute sans pour autant mettre son talent à la poubelle. Si on devait décrire le rappeur en quelques mots, on vous dirait qu’il est l’un des rares à avoir su développer un flow accessible et développé à la fois. Loin les phrases hurlées dans une tessiture vocale que l’on ne peut comprendre, son verbe est posé et efficace. La plupart des titres de l’album tournent autour de thématiques qu’on qualifiera de « pour les jeunes » (tant dans le mot que dans le beat) et cela même si la généralité est injuste pour la plupart ; alcool, fête, déconne (« Comme les jeunes », « Fass 90 », « On peut le faire », par exemple).


Mais, cela serait sous-estimer M.A.M que de le cantonner à ce style. Le rappeur genevois sait également aborder d’autres horizons. Il règle ses compte sur « 15 minutes » et se donne à cœur joie dans la distillation de punchlines. Oui, c’est aussi ça le rap. M.A.M aborde également une thématique plus délicate sur « Pop Cette Pill ». Le beat est sombre, le verbe est calculé, le refrain illustre une rage adéquate au suicide des jeunes qu’il expose dans ce titre. L’un des meilleures titres de « Comme les Jeunes ». Sur « Loin du Top », en featuring avec le genevois Shaka, M.A.M trouve l’équilibre parfait entre l’accessibilité et la complexité que le hiphop peut revêtir. Un beat agréable à l’écoute, ni trop lourd, ni trop léger. Un flow toujours aussi maitrisé. La balance parfaite. M.A.M n’oublie pas l’amour et offre deux des meilleures morceaux de l’album sur cette thématique. Avec « Toxic (feat. Nacim) », il aborde une histoire d’amour qui n’a pas abouti sur un instrumental aux agréables teintes de soul. Lorsqu’il s’adresse à sa mère, le rappeur fait appel aux sonorités les plus soul de l’album et aux harmonies vocales des SugazZz. M.A.M agit désormais « comme un homme » et se repenti auprès de sa mère. Avec ces quelques titres, le rappeur dévoile son talent à aborder des thématiques sérieuses et prouve ainsi ses qualités de MC. Le rap ne se cantonne pas aux sujets conscients mais c’est bien là que M.A.M montre qu’il peut briller.