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10. Juillet 2013, 00:00 Concert Music Festivals

La symphonie lumineuse de Woodkid au Montreux Jazz

Sophia Bischoff - Une année après avoir dérouté le Miles Davis Hall, Woodkid a fait son retour au Montreux Jazz par la grande porte du Festival. Accompagné par l’orchestre Sinfonietta de Lausanne, il a offert sa sombre poésie ornée d’une symphonie lumineuse.

20h. Un jeune homme apparaît sur la scène de l’Auditorium Stravinski. De prime abord, sa casquette vissée sur la tête, son baggy et ses baskets n’annoncent pas le firmament musical. Les apparences sont souvent trompeuses et Woodkid s’apprête à le prouver au public du Montreux Jazz Festival. La douceur envahit la salle au fur et à mesure que les accords défilent sous le touché du pianiste Aron Ottignon. Les premières notes soufflées par l’orchestre insufflent une brise de mélodie dorée. Woodkid prend le pari de commencer sa performance par des titres aux allures de pop aérée, sans complexité et dénudée de la puissante force qui règne sur la majorité de sa discographie.


Au loin, l’univers onirique de Yoanne Lemoine, de son vrai prénom, se propage dans la salle au rythme de ses apparitions visuelles sur l’écran installé à cet effet. L’atmosphère est émaillée de formes à mi-chemin entre un fantasme psychédélique et une impression de déjà-vu. L’allégorie est souvent remplacée par des extraits de ses clips vidéo, contant ainsi l’histoire de l’enfant de bois (cf. ses vidéos pour les titres « I Love You », « Iron » et « Run Boy Run »). Woodkid incarne sa création jusqu’à l’épuisement de son énergie et offre ses tripes au publique. Entre chaque couplet et refrain, un hurlement passionné s’échappe de ses entrailles. Point d’aperçu négatif, Woodkid exprime son bonheur et emporte l’audience avec lui. L’exercice n’est pas compliqué, il suffit au garçon en bois de faire un signe de la main pour que l’Auditorium Stravinski réponde en cœur à ce cri enflammé.


La douceur de l'orchestre Sinfonietta est contrebalancée par l’intensité des percussions. Emporté dans l'hypnotique transe que les musiciens proposent, le Stravinski est fasciné par le moment qu’il est entrain de vivre. Woodkid s’offre corps et âme au Montreux Jazz alors qu’il rend hommage au fondateur du Festival décédé au mois de janvier dernier. Il dédie une poignante interprétation de « Where I live » à Claude Nobs, dont une photo de lui enfant apparaît à l’écran. L’audience reste sans voix face aux larmes qui s’envolent et caressent les joues du chanteur. Épris d’émotions poignantes, le Stravinski tremble tantôt sous les frissons, tantôt sous l’emprise absolue provoquée par le tempo envoûtant de la section rythmique. L’univers de Woodkid atteint le zénith et s’envole subtilement vers d’autres cieux. Le jeu de lumière est plus captivant que jamais. Yoanne Lemoine exprime son amour au Montreux Jazz Festival avant d’offrir un dernier morceau. L’exploration de la galaxie chimérique du musicien se clôt sur une version acoustique de « Iron » et met ainsi un point final à un voyage délicieusement déroutant.
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